Noël 2010: le message du Custode de Terre Sainte Père Pierbattista Pizzaballa

Giacomo Pizzi20 décembre 2010
Custode

La Paix soit avec vous! Le salut de Saint François nous aide à goûter l’éternelle nouveauté de Noël, nous accompagnant vers la vérité, nous éloignant de tout ce qui avilit et rend ambigu la signification de cette fête. Ne rendons pas vain ce énième mais toujours nouveau Noël.

Noël en effet ne peut pas ne pas nous mettre mal à l’aise : il s’agit d’une fête qui semble avoir perdu son sens le plus intime et le plus vrai et qui donc nous porte à nous interroger sur l’identité qu’a cet Enfant pour nous, à voir Dieu dans un enfant, à croire en un Dieu qui choisit de renfermer sa grandeur dans la petitesse de notre humanité.

Et Noël n’est pas même Jésus qui naît à Bethléem, où il est né historiquement voici un peu plus de deux mille ans. Noël, c’est Jésus, Fils de Dieu qui, cette année aussi, comme chaque jour depuis ce temps ancien, pour les hommes de son temps comme pour chacun d’entre nous aujourd’hui, attend que nous lui faisions place, il attend de naître dans notre cœur. Noël, c’est l’engagement de conversion. C’est accepter de répondre aux attentes de Dieu.

Appelés par la foi à l’attendre dans la gloire, Noël concentre notre attention sur l’attente de Dieu : son attente infinie que l’humanité Lui trouve une place dans l’histoire quotidienne, dans la vie de tous les jours, dans la solidarité simple que nous a demandé Jésus Lui-même, en nous assurant : Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde ; en nous disant aussi où rencontrer Ses yeux et Ses mains, où cheminer en Sa présence et à partir d’où regarder l’horizon d’où Il reviendra : Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous…

Ne le rendons pas vain. La Parole de Dieu nous aide et nous guide afin que nous conservions l’espérance dans l’attente que vienne le Seigneur de la gloire.

L’Enfant Jésus nous libère de la peur de demeurer dans le flux quotidien de l’histoire, dans la solitude de celui qui ne sait pas donner aux autres. Et il nous introduit dans un mouvement choral, où nous nous découvrons portés à l’amour et capables par grâce de porter ce petit bout d’histoire, unique et précieux, que le Seigneur a mis entre nos mains.

Que Noël soit pour nous tous cette conversion du regard, cette prise de conscience du fait que le Royaume avance, qu’il est présent, que moi, nous, tous, ensemble, nous pouvons le rendre présent. Voila dès lors la nécessité de regarder la création, de regarder le monde, de regarder le Moyen-Orient, « notre » Terre Sainte – Terre de Dieu et Terre des Hommes – « d’en haut », avec le regard de Dieu. Faisons nôtres, avec trépidation et audace, avec humilité et force, avec le courage et la fantaisie du rêve qui devient réalité si nous sommes nombreux à rêver, les mots du Pape Benoît XVI à l’inauguration du Synode des Evêques du Moyen-Orient : « Regarder cette partie du monde dans la perspective de Dieu signifie reconnaître en elle «le berceau» d’un dessein universel de salut dans l’amour, un mystère de communion qui se réalise dans la liberté et demande par conséquent aux hommes une réponse ». A chacun la responsabilité d’accepter la proposition de Celui qui nous fait exister et renouvelle chaque jour en nous la soif d’être heureux.

Ne le rendons pas vain. Répondons à l’attente de Dieu qui s’est fait Enfant afin que nous puissions aller à Lui comme si c’était Lui qui avait besoin de nous. Parce que le cœur de notre attente se trouve dans le fait de savoir que Dieu nous attend, patiemment, depuis longtemps.

Accueillis par son attente, renouvelés par son pardon et par sa grâce, hommes de la miséricorde et de la réconciliation, de la liberté et de la justice, nous serons alors capables d’écouter – parmi le bruit de notre réalité confuse – l’annonce des Anges : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime.

Joyeux Noël.