Ain Karim

Ain Karim : le lieu saint de la visitation de Marie à sa parente Elizabeth

Giovanni Caccialanza31 mai 2022

Le calendrier liturgique d’aujourd’hui rappelle la Visitation de Marie, c’est-à-dire le voyage de la Vierge jusqu’à la maison de sa parente Élisabeth. L’épisode, raconté dans le premier chapitre de l’Évangile de Luc, est célèbre. Marie, alors enceinte de Jésus, se rend chez la vieille Élisabeth, également enceinte (Jean-Baptiste serait né) et maintenant au sixième mois, pour l’aider dans les tâches ménagères.

Magnificat ánima mea Dóminum

L’Evangile donne une image très délicate de la rencontre entre les femmes : Élisabeth, qui dans sa vieillesse désespérait de la possibilité d’avoir des enfants, accueille Marie avec émotion et joie, qui a porté Jésus dans son sein. C’est le moment où la Vierge chante le chant du Magnificat, qui est encore prié aujourd’hui pendant l’heure du soir.

Le lieu où se déroule cet épisode ne nous est pas transmis dans la narration de l’Evangile. Luc ne dit rien de plus que ce qui s’est passé près d’une « région montagneuse, dans une ville de Juda » (Lc 1, 39). La ville ne devait pas être très loin de Jérusalem, où la naissance de son fils et de celui d’Élisabeth, Jean, fut annoncée à Zacharie. Et ce n’était pas censé être un très grand centre, puisque Luc nous dit que pendant les cinq premiers mois, Élisabeth « s’est cachée » (Lc 1, 23). Mais, pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, nous ne possédons aucune autre information sur la localité.

Ce n’est qu’au VIe siècle qu’un pèlerin nommé Théodose, visitant la Terre Sainte, prétend avoir trouvé l’endroit où Élisabeth vivait à cinq miles de Jérusalem. La distance correspond à ce village d’Ain Karim (ou Ein Karem) qui, dans un calendrier du VII-VIIIe siècle, est dit être le village de la « juste Elizabeth ».

Le travail de Barluzzi à Ain Karim

Ainsi, très tard, la tradition selon laquelle c’était ici à Ain Karim qu’Élisabeth vivait avec son mari Zacharie et leur fils Jean a été affirmée. Et ici, à quelques kilomètres à l’ouest de Jérusalem, aujourd’hui, vous pouvez voir l’église qui rappelle l’épisode de la Visitation. Le bâtiment que l’on peut admirer aujourd’hui date de 1939 et est l’œuvre de l’architecte italien Antonio Barluzzi.

Le complexe d’aujourd’hui se compose d’une église et de la crypte où, selon la tradition, la maison de Zacharie et d’Élisabeth aurait été trouvée. Le bâtiment supérieur, l’église, se développe brusquement vers le haut: une idée brillante pour souligner l’élan que les mots du Magnificat transmettent. Remarquable est la mosaïque sur la façade, qui représente la Vierge sur son chemin vers la « région montagneuse » dont parle Luc, tandis que quelques anges l’accompagnent.

La crypte, située à l’étage inférieur, projette immédiatement le pèlerin dans un espace domestique. Un puits central fait référence aux besoins quotidiens, tandis que l’espace recueilli nous invite à imaginer le calme et la paix dans lesquels vivaient les deux parents, gardant les dons que le Seigneur leur avait apportés.

Trois fresques agréables, de style italien, rappellent les épisodes liés à la naissance de Jean-Baptiste : l’apparition de l’ange Gabriel à Zacharie près de Jérusalem ; la Visitation proprement dite; le massacre des innocents auquel Élisabeth a soigneusement volé le petit Jean. Il est transmis, en fait, qu’un rocher à l’intérieur de la crypte est l’endroit où Jean a été placé par sa mère pour rester caché des troupes d’Hérode, qui erraient entre Bethléem et Jérusalem.

Arrêt au « puits de Marie »

Barluzzi a récupéré le complexe architectural qui voit une église superposée à la crypte à partir, probablement, de la structure médiévale. Même alors, une église était superposée à la crypte. À l’époque des Croisés, à côté de cet ensemble a également été construit le couvent encore visible aujourd’hui à travers la cour ombragée à l’intérieur du mur. À l’époque, nous pouvons être sûrs que l’aile qui abritait le couvent avait également des fonctions défensives.

Avec l’expulsion des Croisés de Terre Sainte en 1187, le sanctuaire de la Visitation près d’Ain Karim a sombré dans l’oubli et, après une brève domination arménienne, est passé aux mains des musulmans au XVIe siècle. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les franciscains ont pu revenir pour célébrer à la crypte.

Vous pouvez également vous arrêter, non loin de l’église de la Visitation, au soi-disant « puits de Marie ». C’est une source naturelle, située au pied du relief sur lequel se trouve le sanctuaire, à laquelle Marie puiserait de l’eau pour l’apporter à Élisabeth. Un peu plus haut, maintenant vers la route qui se courbe vers le complexe chrétien, se dresse un minaret. Même les musulmans, en fait, croient que la naissance de Jean-Baptiste a quelque chose de miraculeux, et ils s’en souviennent sur le site où l’enfant est né.

Venez visiter l’église de la Visitation à Jérusalem !