Les franciscains et la demande d’aide pour la Terre Sainte

Giacomo Pizzi18 octobre 2010

Faire approcher la Terre Sainte avec ses besoins et son charme à la communauté chrétienne mais aussi au monde laïc afin de communiquer cette réalité et demander aussi soutien et aides : tels sont les paroles du Custode de Terre Sainte, Frère Pierbattista Pizzaballa, dans un entretien exclusif dédié au recueil de fonds. Corrado Paolucci, volontaire d’ATS pro Terra Sancta, a rencontré le Custode alors qu’il était dans la phase finale de préparation de son mémoire de maîtrise dédié justement au recueil de fonds, afin d’approfondir un thème délicat pour continuer à soutenir la présence chrétienne en Terre Sainte et pour permettre la conservation des Lieux Saints : celui de la demande d’aides.

La Terre Sainte est un patrimoine que tous les chrétiens sont appelés à conserver et à protéger. Comment peut-on communiquer ce besoin au monde chrétien?

La première chose à mettre en évidence est que le Christianisme n’est pas une doctrine spirituelle mais une Révélation. Il s’agit d’une révélation historique, d’une Incarnation dans l’histoire de l’homme, ce qui en fait tout d’abord un fait et non pas quelque chose de pensé ou d’imaginé. Un fait qui donc a un lieu bien précis dans lequel il s’est manifesté au début et ce lieu est la Terre Sainte.
Dès lors, ceux qui connaissent le Mystère fait chair, ceux qui désirent approfondir la connaissance de la Révélation de Jésus, veulent également connaître le Lieu de cette Révélation. Si tu veux connaître une personne, tu veux savoir où elle vit. Ceci rend réel et tangible ce patrimoine, cette grandeur gardée en Terre Sainte.

Les franciscains désirent permettre à tous de collaborer à la mission que l’Eglise universelle leur a confié : conserver les Lieux Saints et soutenir la présence chrétienne en Terre Sainte. Cette ouverture de la Custodie est un acte de charité envers l’autre qui a ainsi le privilège de participer à cette grande mission. Comment peut-on communiquer tout cela ? Quels instruments utiliser?

C’est justement dans cette perspectives que se place l’aide. La demande de soutien existe parce qu’il existe également un contexte réel, une présence vivante et un désir de participation à celle-ci.
Dès lors, il faut utiliser tous les moyens de communication sociale à disposition pour se faire voir et se faire connaître. Aujourd’hui, ce qui vaut dans le monde est ce qui se voit et ce qui n’émerge pas n’est pas écouté. L’utilisation des moyens de communication de masse garantit une visibilité au niveau mondial et il est indispensable d’informer sur les faits et les besoins de ces Lieux.
Outre les moyens de communication de masse, le geste du pèlerinage est une chose fondamentale. La première chose à laquelle nous invitons est de faire l’expérience d’un pèlerinage en Terre Sainte, non seulement pour voir mais également pour « toucher », pour faire l’expérience de ces lieux où Jésus a vécu. Une personne qui est déjà venue ici a un regard différent, une attention plus forte envers cette terre et, d’une certaine manière, y demeure liée et désire l’aider même si c’est à partir de son propre pays.

En ce qui concerne le monde laïc, en revanche, comment peut-on lui communiquer les besoins de la Terre Sainte ? Quel est le lien entre les besoins des chrétiens en Terre Sainte et le conflit politique?

Cette terre, outre à avoir vu l’origine du Christianisme est également le contexte de conflits et il est juste de le rappeler mais il existe différentes manières de le faire et cela dépend de qui le fait. Si c’est un homme politique qui le fait ou bien une personne qui a un but politique dans sa demande, c’est certainement autre chose.
Nous, en tant que Custodie, nous posons comme religieux qui ne renonçons pas à notre style propre même dans le dialogue avec le monde laïc. Nous tenons compte de la personnalité de notre interlocuteur pour éviter un langage trop élevé ou spiritualiste. Mais il faut ajouter que le vrai laïc ne refuse pas l’attitude religieuse : il est même intéressée par elle et désire la rencontrer.

Peut-on apprendre des juifs leur capacité à s’aider l’un l’autre ? Leur capacité à faire mémoire de leur idéal tant comme peuple qu’en ce qui concerne la terre d’origine?

Le peuple juif a un fort sens d’appartenance à sa terre d’origine et à son propre peuple où qu’il se trouve dans le monde et ceci est un aspect positif qui le rend unique et également mystérieux. Je considère leur unité comme un grand modèle d’appartenance commune à observer et à comprendre parce que, quoi qu’il arrive, ce lien ne vient jamais à manquer et nous pouvons même dire qu’il se renforce et se renouvelle.

Entretien réalisé par Corrado Paolucci, ATS pro Terra Sancta