Message de Noël 2011 du Custode de Terre Sainte

Giacomo Pizzi21 décembre 2011

« Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu’un homme vient à trouver : il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ »
(Mt 13,44)

Noël, c’est l’histoire d’un Dieu venu se cacher dans un champ.
Se cacher en Se faisant petit, fils d’homme, enfant comme tout autre enfant.
Caché dans Sa naissance en silence, à Bethléem.
Bethléem, petit village d’un petit pays placé aux extrêmes marges d’un immense empire, dans une terre qui, alors comme aujourd’hui, ne connaît pas la paix.
Noël est également un histoire de champs et de trésors, d’hommes qui trouvent le champ et le trésor.
A beaucoup, en effet, arrive la nouvelle que le trésor est justement là, dans ce champ !
Malheureusement, tous ne le cherchent pas, tout ne le trouvent pas, tous ne laissent pas tout pour l’avoir.

Afin de posséder le trésor, il est nécessaire auparavant de se dépouiller de tout.
C’est là le seul chemin !
Il ne suffit pas de trouver le trésor, il ne suffit pas de savoir où il se trouve.
Il faut jouer sa vie.

Les Ecritures Saintes sont l’histoire de ce trésor, caché dans le champ, qui est le cœur de l’homme.
Parce que chaque champ, chaque cœur, peut cacher le trésor.
Les Ecritures Saintes sont l’histoire de nombreux hommes comme nous qui ont joué leur va-tout face à cette découverte.
Abraham a quitté sa terre et ses dieux.
Moïse a perdu les sécurités de son petit exil.
David s’est impliqué de tout son être, y compris avec son péché.
Job a dû tout perdre afin de réussir à connaître Dieu.
Et puis les prophètes qui nous conduisent jusqu’aux Mages, aux bergers, à la pauvre veuve, à tous les petits de l’Evangile…
Toutes personnes qui n’ont pas reculé.
Des personnes qui, face à cette découverte, à cette rencontre, ont compris que l’événement en question était le seul décisif, le sens et le cœur de tout, face auquel tout autre chose retrouve sa juste dimension.

Le trésor ne se trouve pas par hasard et ne se possède pas à moitié.
Le trésor a les couleurs fortes de tout ce qui est radical, absolu.
Tu dois vraiment tout perdre pour l’avoir.
Celui qui aime perd tout. Parce qu’aimer signifie perdre tout, tout donner.
Le premier à prendre ce risque a été Jésus, caché dans le champ de Bethléem dans l’espoir que tous puissent le trouver.
C’est Lui qui a inauguré la route du don. Il a tout perdu et a retrouvé l’homme. Comme l’homme qui perd tout trouve Dieu.

La foi consiste à risquer d’entreprendre la route de qui, comme Lui, sait s’oublier soi-même en faveur de l’autre – quel qu’il soit – et sait adopter les attitudes qui en dérivent : pardon, accueil, écoute, solidarité…
Le chemin du don, cadencé par ces étapes, devient la route qui permet de trouver.
Celui qui la parcourt, trouve Dieu, son frère et se trouve lui-même.
De cette manière la vie est transformée.
Il est possible – et généralement cela arrive ainsi – qu’au dehors, il semble que rien ne change, que l’histoire, et en particulier l’histoire de notre Terre Sainte, continue à être la réalité dramatique que nous voyons et que nous vivons : haines, divisions, peurs, suspicions, préjudices, paralysie…
Mais à l’intérieur, cela change tout !
Le regard sur la vie change, la manière d’être change et – par grâce ! – on se retrouve contents de cette vie parce que cette vie n’est pas seulement un champ mais elle est le champ qui cache le trésor.

Notre vœu, pour ce Noël, est de devenir des personnes qui se perdent dans leur propre histoire à la recherche de Dieu.
Et se retrouvent dans le désir de Lui, dans la découverte émerveillée du fait que ce trésor habite véritablement le champ de la vie, la nôtre et celle de ceux qui nous entourent.

Frère Pierbattista Pizzaballa
Custode de Terre Sainte