Message de Noël 2012 du Custode de Terre Sainte

Giacomo Pizzi19 décembre 2012

Voici le message de Noël de Frère Pierbattista Pizzaballa, Custode de Terre Sainte et Président de l’ATS Pro Terra Sancta:

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que son service est accompli, que sa faute est expiée, qu’elle a reçu de la main de Yahvé double punition pour tous ses péchés. » Isaïe 40, 1-2.

Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité je te le dis, à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. » Jean 3,3.

C’est Noël. C’est le temps où, dans notre esprit et dans notre cœur, se renouvelle la demande qui nous questionne tous personnellement sur le sens de cette naissance à Bethléem de Judée qui, il y a 2000 ans, a bouleversé à jamais notre histoire. Au-delà de l’avalanche de belles paroles et de bons sentiments qui nous submergent en cette période de l’année, il importe de se demander si cette naissance réussit encore aujourd’hui à nous bouleverser et dans quelle mesure. Durant l’Avent, Jean le Baptiste nous présente Jésus comme la réalisation de l’annonce de la consolation. Il est la consolation qui s’est faite chair, que nous pouvons toucher du doigt. Jean proclame que la consolation est maintenant une certitude et non plus l’annonce d’une libération future.

Jésus est ici, au milieu de nous, don et présence de Dieu, manifestation visible de son amour pour nous.
Aujourd’hui, comme autrefois, il nous est demandé si notre cœur et notre intelligence ont mis leur foi en cette présence et s’ils trouvent en elle la consolation. Un monde nouveau : le Royaume de Dieu. Afin de l’accueillir, pour pouvoir le voir, nous devons re-naître. Nous ne pouvons rien comprendre de cela sans nous renouveler, sans nous libérer et, ainsi, devenir capables d’accueillir la nouveauté.

Se laisser bouleverser par Noël signifie être encore en mesure de renaître et de recommencer, avec confiance, avec détermination, avec la prise de conscience sereine de ce qu’implique pour nous cette nouvelle naissance. La peur, le doute, l’incapacité de croire que l’autre puisse changer, que je puisse changer, que l’amour puisse renaître, que la consolation n’est pas une chimère… tout cela, bien souvent, l’emporte et nous paralyse. C’est l’ombre de la mort et l’esclavage de satan. Nous, cependant, nous appartenons au Christ : pour cela, nous voulons, comme Jean le Baptiste, crier que notre esclavage est fini et que nous sommes prêts et désireux de renaître à nouveau et d’en-haut, avec la force de son amour, par la puissance de son Esprit.

Nos communautés chrétiennes de Terre Sainte, de la Syrie et du Moyen-Orient en général, sont mises à rude épreuve. Les familles comme les communautés religieuses sont éprouvées par les guerres, les persécutions, l’abandon et la solitude. Nous n’avons pas les ressources matérielles pour venir en aide à tous et nous nous sentons impuissants. Ce qui est plus grave, c’est le sentiment répandu d’un manque de confiance en l’avenir, l’envie de tout abandonner et de s’en aller, de ne plus croire en rien ni personne. Le livre de la consolation d’Isaïe, qui nourrit notre prière en cette période, contient également les Chants du Serviteur Souffrant. Consolation et espérance n’éliminent pas la souffrance et la douleur, mais elles leur enlèvent cependant leur puissance. La mort et les destructions du temps présent ne détruisent pas notre envie de vivre et le désir d’une renaissance. Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. (Lc 2, 15).

C’est Noël. Mon souhait, et celui des Franciscains de Terre Sainte, pour toutes les personnes qui vivent en Terre Sainte et pour celles qui, dans le monde entier, regardent vers nous, c’est celui de ne pas céder au défaitisme et de se laisser encore une fois conquérir par l’amour de Dieu et par le vivant désir, par la volonté concrète, de recommencer à tout prix. Nous avons besoin de nous rendre à Bethléem et nous voulons y aller, pour y vérifier ce qui s’y est produit pour chacun de nous : nous sommes renés, à nouveau capables de sourire et de gratuité. Joyeux Noël à tous.

Frère Pierbattista Pizzaballa, OFM
Custode de Terre Sainte

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