Nazareth

Nazareth : l’histoire de la ville de Marie

Giovanni Caccialanza12 mai 2022

Le mois de mai a maintenant commencé et ce mois-ci nous invite à nous rassembler autour de Notre-Dame. Il y a plusieurs façons de le faire, et l’une d’entre elles est de se rapprocher de l’endroit où Marie a vécu sa vie quotidienne : Nazareth. Ici la Vierge a conçu Jésus, commençant l’histoire de la rédemption, ici la sainte famille a vécu unie pendant trente ans, selon le récit évangélique.

La ville de Nazareth

Nazareth est aujourd’hui une petite ville située en territoire vallonné, au nord d’Israël. Elle compte moins de 80 000 habitants, mais dans cette petite taille, Nazareth connaît une expérience de coexistence interreligieuse qui n’a guère de parallèles à proximité. Des individus chrétiens, musulmans et juifs vivent ici en contact étroit, sans que Nazareth n’ait jamais été au centre d’affrontements majeurs jusqu’à présent.

Un rôle, celui de Nazareth, que l’on pourrait dire à moitié caché, en marge de l’actualité. Quelque chose qui a distingué la ville tout au long de son histoire. Les premières découvertes disponibles dans la région indiquent que Nazareth était habitée à la fin de l’âge du bronze, bien que nous n’en ayons aucune trace écrite.

Nazareth romaine

Avec la conquête romaine de la province de Palestine, en 63 av. J.-C.C., la région où se trouvait Nazareth a connu une nouvelle vitalité, grâce à l’activité commerciale des Sepphoris voisins. La célèbre Via Maris, la « route de la mer », peut-être parcourue par Jésus lors de son voyage en Judée, passait juste à Nazareth et Sepphoris, apportant commerce et richesse à ces centres.

Mais Nazareth devait rester plutôt humble dans sa conformation. En effet, les paroles avec lesquelles, selon l’évangéliste Jean, Nathanaël, étonné, réagit à l’annonce que lui a faite Philippe au sujet du nouveau Messie venu de Nazareth sont connues : « Quelque chose de bon peut-il venir de Nazareth ? » (Jn 1, 46). Un autre signe, s’il y avait encore un besoin, de la prédilection du Seigneur pour les périphéries du monde.

Nazareth a connu un chapitre tragique de son histoire pendant les guerres juives. Quand, après avoir détruit le temple de Jérusalem en 70 après J.C D, le peuple juif a essayé de se rebeller contre le pouvoir de Rome sous la direction de Simon Bar Kochba, la Galilée est devenue l’un des centres des révoltes. Pour cette raison, pendant la Deuxième Guerre juive, au milieu de .C IIe siècle, les troupes de l’empereur Hadrien détruisirent la ville de Nazareth, la considérant comme un refuge pour les insurgés.

Chute et renaissance

Mais à Nazareth, plus fort que les armes, il chantait déjà la paix. C’est certainement ici que l’une des premières formes de coexistence entre le judaïsme traditionnel et sa nouvelle filiation, le christianisme, a trouvé un foyer. L’archéologie en témoigne. Déjà à l’époque byzantine, il y avait des bâtiments de culte chrétiens dans la ville, y compris une église, sur le même site sur lequel se trouve également l’actuel. Et puis certains historiens comme Hégésippe et Eusèbe de Césarée, tous deux proches des cercles proto-chrétiens, rapportent l’orgueil que certains ont fait à Nazareth, d’être membres de la famille de Jésus. Et c’est de cette proximité avec la maison du Seigneur que le pèlerin anonyme de Plaisance, au milieu du VIe siècle, nous parle encore. Dans ses journaux intimes, il affirme avoir trouvé des femmes merveilleuses dans la ville, qui indiquent comme cause de leur beauté leur proximité de sang avec la Vierge Marie.

Nazareth traversa alors sereinement la période de l’occupation perse. Et il a également résisté à l’invasion des Arabes, qui ont également essayé de détruire la ville à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’en 1099, avec l’arrivée des croisés, Nazareth puisse prospérer à nouveau. Une nouvelle grande basilique monumentale – de 70 mètres de long sur 30 mètres de haut – pourrait enfin se démarquer à la place de l’ancienne église byzantine.

Nazareth franciscain

Une lumière douce et quotidienne mais tenace, celle qui illumine Nazareth, qui fut obscurcie quand, le 4 juillet 1187, alors que Saladin triomphait des croisés près de Hattin, quelques troupes du chef islamique permirent un massacre de chrétiens dans le périmètre de la ville. La coexistence interreligieuse dans la ville semblait complètement éteinte quand, en 1263, le sultan Baibars mit le feu à l’église des Croisés et la rasa.

Les traces du Nazareth chrétien se perdent jusqu’au XVIIe siècle, lorsque les frères franciscains parviennent, entre hauts et bas, à reprendre possession des ruines de l’église détruite. Ainsi commença un processus de coexistence quotidienne entre les religions qui conduisit à nouveau au rétablissement de la paix dans la ville. La même paix dont témoigne la vie du futur saint Charles de Foucauld, qui vécut ici une partie de sa vocation à la vie consacrée.

Nos jours

Pendant la guerre de 1948, Nazareth est entré dans les chroniques de la guerre dans le premier conflit entre Arabes et Israéliens. Le 15 juillet, un avion israélien a bombardé le village arabe de Saffuriya et sème la panique dans la population ; de nombreux villageois ont fui vers le nord vers le Liban, d’autres ont trouvé refuge à Nazareth, laissant derrière eux environ 100 personnes âgées. Dans la soirée du 16 juillet, Nazareth s’est rendu aux Israéliens après un combat léger qui a fait un mort et un blessé israéliens. Une attitude qui a permis à la population arabe de la ville de maintenir la possession de leurs maisons et de leurs biens.

Un ventre silencieux, celui de Nazareth, qui fait aujourd’hui place au dialogue et à la paix. Des biens fragiles, il est vrai, même dans ce pays, où des pages difficiles ont été enregistrées (les dernières avec les affrontements du printemps 2021). Mais des biens fondamentaux, qui ne cessent, jour après jour, de rayonner de Nazareth et du Nazaréen vers le monde entier.

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