Parmi les personnes âgées de Bethléem

Giacomo Pizzi2 novembre 2010

Quelques histoires de Bethléem sont présentées ci-dessous. L’engagement quotidien dans l’activité d’assistance et de prévention, développé par le Franciscan Social Service Office de la Custodie de Terre Sainte et soutenu par l’ATS pro Terra Sancta grâce au projet « Bethléem et les personnes âgées » au service de ces dernières, est d’une importance fondamentale, et parfois de survie, dans un système comme celui de Palestine, dépourvu de toute forme d’assistance publique et sociale.

M. est née le 21 septembre 1946, dans une famille de 5 filles. Elle a eu un frère jumeau pendant quelques jours, le fils que ses parents désiraient tant. Ils sont nés tous les deux avec des problèmes de santé et malheureusement, le frère est mort : la famille a accusé la petite fille d’avoir causé la mort de son frère, et d’être une malédiction pour la maison. A l’âge d’un an et demi, elle a été envoyée dans un couvent au Liban, où elle a vécu vingt ans sous soins continus. Toute sa vie, elle a prêté ses services dans des structures sociales et sanitaires en tant que volontaire. En 1999, elle devient patiente de la Société Antonienne. Elle subit diverses opérations, d’abord à la tête, puis une ablation de l’utérus et finalement, une tumeur de la thyroïde est diagnostiquée. Elle est encore patiente de la Société et quand sa santé le lui permet, elle aide les soeurs à prendre soin des malades, car elle dit « Vivre pour l’autre me fait me sentir chez moi ».

S. a grandi dans une bonne famille, elle a travaillé comme couturière et ne s’est jamais mariée. En dépit de ses 78 ans, son plus grand désir, dit-elle en plaisantant, est de trouver un mari car il n’est jamais trop tard! Il y a six ans, à la suite d’une infection des yeux que les docteurs n’ont pas su soigner, elle a commencé à perdre la vue jusqu’à devenir aveugle. Sa famille n’ayant pas les moyens financiers de lui assurer des soins privés, elle décide de la faire hospitaliser dans un centre de personnes âgées et depuis ce temps-là, elle est une patiente de la Société Antonienne. Elle déclare en larmes que sa vie ne lui plaît pas car elle se sent abandonnée : plus personne de sa famille ne lui rend visite. Seule une nièce va la voir de temps en temps et lui apporte des fruits : c’est un des moments les plus heureux pour S., moment à savourer.

Depuis toute petite, M. ressent le désir d’entrer en religion. Elle quitte donc Ramallah pour entrer au couvent à Jérusalem. A l’âge d’environ vingt ans, ses parents divorcent et Maria décide de quitter momentanément le couvent pour aller vivre avec son père, resté seul à la maison. Bien qu’elle ne soit pas encore entrée en religion, elle porte toujours l’habit. A la mort de son père, elle demande à retourner au couvent mais n’y est pas acceptée. Elle se rend donc à Bethléem et se met à aider les personnes âgées qui, pour ne pas rester seules, lui donnent un toit sous lequel vivre. A la mort d’une personne âgée qui l’acueillait depuis plusieurs années, elle vit une expérience terrible qui la marquera à vie : la famille de la personne âgée la chasse de la maison et M. est contrainte de vivre dans la rue. La vie dans la rue et la peur constante d’être maltraitée la rendent folle. Un jour, un prêtre voit cette femme mendiante en habit de soeur et décide de l’aider. Elle est d’abord placée en hôpital psychiatrique, et une fois sa santé améliorée, elle est amenée à la Société Antonienne, où elle vit depuis six ans. Aujourd’hui encore, elle souffre de crises de panique et a tenté de s’enfuir de la maison de santé plus d’une fois. Elle possède à présent un chat dont elle s’occupe comme si c’était son propre enfant : s’occuper de son chat la fait se sentir bien.

Anna Colombi, volontaire ATS pro Terra Sancta à Bethléem