Libano

#ProLiban. Père Firas Lutfi: « aidons autant que possible avant l’hiver »

Giacomo Pizzi12 octobre 2020

Liban: les rencontres virtuelles organisées par Pro Terra Sancta reprennent en traitant la grave crise qui a touché la ville de Beyrouth après l’explosion du 4 août.

Après la pause estivale, les réunions virtuelles promues par Pro Terra Sancta (PTS) reprennent en partant du Liban. Il ne faut pas écarter l’attention sur la tragédie qui a touché Beyrouth de manière dramatique et qui a exacerbé la crise économique et sociale dans laquelle le pays tout entier se retrouve. Considéré comme l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire, celle du 4 août dernier a détruit et endommagé les deux tiers des maisons de Beyrouth, laissant environ 300 000 personnes déplacées, dont 60 000 enfants.

Giacomo Gentile, coordinateur des projets au Liban, décrit les premiers pas faits par Pro Terra Sancta pour aider les frères et la population locale. “Le couvent, l’église et les bureaux du personnel local ont subi des dommages considérables. Pour les réparations de la seule structure du couvent, des centaines de milliers d’euros ont été calculés”. On commence par le couvent parce qu’il s’agit d’une structure de référence pour le quartier entier. Le centre d’aide, déjà actif pour faire face à la crise avant l’explosion, a été réouvert dans le jardin du couvent. “900 demandes sont arrivées – explique Giacomo – cela signifie 900 familles, c’est-à-dire 3400-4000 personnes environ demandant de l’aide ». On a immédiatement procédé a donner de la nourriture, des médicaments, des produits d’hygiène pour permettre aux personnes de se protéger contre le coronavirus, dont la propagation continue à menacer la ville.

Les travaux de rénovation ont commencé pour 5 familles. Vingt autres sont déjà sur la liste d’attente, mais leur nombre ne cesse de croître. “La volonté et l’aspiration sont celles d’atteindre les neuf cents familles qui ont demandé de l’aide d’ici à décembre”, conclut Giacomo.

Le mot passe ensuite à Fra Firas Lufti. Aux épaules du frère se trouvent le couvent détruit et deux statues de saint Joseph et de Marie rescapées à l’explosion. Presque deux mois après l’explosion, le Ministre de la région Saint Paul (Syrie, Liban et Jordanie) rappelle d’abord les morts, 200 personnes environ plus 50 disparus. “Le scénario est dramatique – dit Frère Firas – les habitants de Beyrouth vivent une énorme souffrance, une accumulation de blessures qui a commencé le 17-18 octobre dernier avec une grave crise financière et économique qui a bloqué les banques et entraîné des licenciements. Rappelons que les données économiques avant l’explosion indiquaient un seuil de pauvreté proche de 50% de la population, le coronavirus a fait le reste. L’inquiétude est forte: “Je touche du doigt des âmes très découragées, touchées par la dépression”. La pandémie a apporté encore plus de misère. Il s’agit d’un enchaînement d’événements, explique Firas: “Les sœurs responsables d’une école franciscaine ont six mois de salaires impayés. Les étudiants ne paient pas leurs frais scolaires. Mais comment peuvent-ils les payer si leurs parents ne travaillent pas? La pandémie a fait augmenter le chômage”.

“Avec les colis alimentaires, nous avons fourni aussi du gel et des désinfectants. Même ces produits sont devenus très chers, il est difficile de maintenir l’hygiène dans ces conditions difficiles”, poursuit M. Firas, “alors que des centaines de personnes frappent à notre porte pour demander de l’aide: nous ne pouvons pas reculer ». Les familles craignent l’arrivée de l’hiver: “Sans la réparation des toits, des portes et des fenêtres, les maisons sont inhabitables ».

Interrogé par l’un des supporteurs de Pro Terra Sancta sur la façon dont vivent les chrétiens libanais, père Firas reprend une parabole de Jésus: “Le chrétien est comme le grain de blé qu’on jette dans la terre, s’il meurt il porte beaucoup de fruits”. Et il poursuit par un exemple de ces mots: “Un homme de Beyrouth que je ne connaissais pas m’a demandé: – Que puis-je faire pour aider? Je peux apporter mon expérience dans le domaine de la construction et ma contribution économique. Ma maison a également été touchée, alors je pense à vous parce que vous êtes aussi blessé que moi”. Le frère franciscain a été frappé par ce témoignage: “Un homme qui avait déjà été durement touché par les dégâts de sa maison n’a pas hésité à aider en fonction de ses possibilités. C’est une graine de charité authentique et profondément chrétienne”.

Ensuite beaucoup de questions sur “Comment pouvons-nous aider? “Codiv-19 a empêché les visites de beaucoup d’amis internationaux qui venaient apporter leur soutien direct”, a répondu Firas. “Nous vous demandons de vous souvenir de notre souffrance dans vos prières. Et quiconque peut collaborer, même avec une petite contribution financière aujourd’hui, peut sauver une famille entière”.