FCC Beyrouth

La crise au Liban et une lumière à Beyrouth

Giovanni Caccialanza27 janvier 2022

«Le Liban est submergé par une crise sans précédent», «Le Liban vit un drame politique et institutionnel au bord de l’effondrement», «Le Liban est dans une situation de pauvreté sans échappatoire»… Combien de fois des phrases similaires ont-elles attiré l’attention, en apparaissant ici et là dans les journaux ou sur les pages de sites qui, comme le nôtre, tentent de faire connaître la vie quotidienne dramatique que vit le Pays des Cèdres depuis deux ans maintenant?

Pro Terra Sancta a ouvert un centre de soutien « psycho-social » dans le pays, invitant les enfants et les personnes âgées à redécouvrir la possibilité d’un espoir concret. Voici quelques nouvelles des événements organisés les jours de Noël.

La crise au Liban

Et on ne peut pas, en fait, penser trop différemment : la crise au Liban est vraiment sans précédent, en termes de gravité.

Une crise politique et sociale, tout d’abord. Depuis les derniers mois de 2019, il y a plus de deux ans, le pays s’est divisé et les institutions politiques ont commencé à être discréditées aux yeux de l’opinion publique. La population est descendue dans la rue et a commencé à crier à la corruption de la classe politique du pays, provoquant l’effondrement du gouvernement Hariri en octobre 2019.

La crise au Liban, cependant, n’en était qu’à ses balbutiements. Après le gouvernement Hariri, c’est au tour d’Hassan Diab, appelé à alléger les souffrances d’un pays qui dénonçait une situation de plus en plus difficile. C’est précisément sous le gouvernement de Diab que, le 4 août 2020, a eu lieu l’explosion du port de Beyrouth, la capitale libanaise.

L’effondrement définitif du gouvernement, à la suite de la conflagration, a plongé le Pays des Cèdres dans le chaos social et institutionnel. Depuis plus d’un an, le Liban est sans gouvernement, voyant la situation se détériorer de plus en plus chaque jour. Ce n’est qu’en septembre 2021 que Najib Miqati a réussi à prendre ses fonctions de Premier ministre, mais sans pouvoir empêcher les effets les plus durs de la crise.

La crise au Liban aujourd’hui

« Aujourd’hui, au Liban, il n’y a pas d’essence, il n’y a pas de gaz, il n’y a pas de médicaments », nous a dit Fadi Bejani,notre collaborateur au bureau de Beyrouth, il y a seulement quelques mois. Et en effet, la situation semble désespérée.

On estime que 10 % de la population a quitté le pays au cours des deux dernières années; 80%, rapporte l’UNICEF, vivent avec moins de 1,5 $ par jour, le taux de chômage des jeunes est supérieur à 60%. Un exode dramatique, une hémorragie pour un pays en désarroi, qui a besoin de rester attaché à l’espoir, de croire encore qu’un avenir différent existe et peut se réaliser.

Susciter l’espoir

C’est pour maintenir cette certitude vivante dans un avenir différent que Pro Terra Sancta a ouvert le Franciscan Care Center (FCC) à Beyrouth, une réalité, comme l’appelle Fadi, « d’assistance psychosociale ». Les enfants et les personnes âgées sont accueillis dans le centre qui ont besoin d’aide, de soutien ou simplement d’une présence à leurs côtés, pour essayer de montrer, et de leur faire sentir, qu’une possibilité différente existe.

Avant Noël, le FCC Beyrouth a organisé deux événements particulièrement bienvenus pour ses clients. Les plus petits ont pu participer à un spectacle de clown : ballons, nez rouge, blagues, jeux et magie. Se laisser retrouver par la joie d’une enfance qui semble souvent perdue, trop souvent, écrasée comme elle est dans l’engrenage d’une dévastation trop grande.

Pour les adultes, deux moments de «socialité» ont eu lieu dans le centre FCC à partir de parcours d’art-thérapie, c’est-à-dire de soutien psychologique par l’art. La couleur, le dessin, l’élaboration artistique sont des moyens d’expression puissants qui peuvent aider à regagner une confiance que l’on croyait perdue, et qui aident à marcher, éclaircissant la peur, amortissant l’angoisse. Les personnes âgées dans le besoin ont été invitées à la FCC et, avec simplicité, elles ont eu la possibilité de participer à des ateliers artistiques, garantissant en même temps une opportunité de créativité et de socialité.

Au cœur de la crise au Liban, une lumière reste allumée. C’est celle des couleurs de la FCC, semblable aux étoiles qui parsèment la nuit: elles sont clairsemées, bien sûr, et n’illuminent pas les ténèbres; mais sans ceux-ci, s’orienter est impossible.

Gardez la lumière allumée pour le Liban!