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Les tombes du Mont des Oliviers. Une tradition funéraire qui unit juifs, chrétiens et musulmans.

Giacomo Pizzi30 octobre 2020

Il existe à Jérusalem un lieu où la spiritualité et la foi des trois religions abrahamiques se rencontrent et se confrontent pacifiquement. Un cimetière juif, chrétien et musulman est situé entre les pentes de la vallée du Cédron et le Mont des Oliviers depuis l’Antiquité.

Le cimetière juif suscite certainement l’émerveillement du visiteur qui vient à Jérusalem pour la première fois : une myriade de rectangles blancs, un labyrinthe de tombes s’étend sur le flanc du Mont des Oliviers qui domine Jérusalem. Du côté opposé au cimetière juif, accrochées sous les murs de la Ville Sainte, se trouvent les tombes musulmanes, idéalement situées face à la Mecque. Au fond de la vallée, le cimetière chrétienles tombes face à la Jérusalem céleste, indique que les chrétiens attendent aussi la fin des jours. La tradition identifie la vallée du Cédron comme la vallée de Josaphat, en hébreu “le Jugement de Dieu”, le lieu où Dieu jugera tout son peuple à la fin des temps, le jour de la résurrection. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, de nombreux juifs aisés demandent à être enterrés dans ce cimetière, avec l’espoir qu’à la fin des temps, au Jour du Jugement, ils se lèveront plus tôt que ceux qui sont enterrés ailleurs. Selon la tradition juive, le Messie viendra par la Porte d’Or, aujourd’hui la seule des huit portes des remparts de la ville à être fermée, pour ressusciter les morts.

Pour toutes ces raisons, la vallée et la montagne sont parsemées de tombes. En partant du bas, devant le sommet du Temple, nous rencontrons les tombes attribuées à Absalon, Josaphat, les fils de Chézir et de Zacharie et le plus jeune de Sadoc. Ce qui accumule ces tombes, c’est l’incertitude du propriétaire. Il s’agit d’anciennes tombes et de mausolées datant des deux siècles qui se sont écoulés entre la naissance du Christ, qui, par leur monumentalité, ont impressionné et intéressé les érudits et les pèlerins. En remontant la vallée, nous arrivons aux pentes du Gethsémani et à l’endroit où la tradition de Jérusalem place le tombeau de Marie, mère de Jésus, depuis 450 ap. J.-C. La découverte, dans une région, par les franciscains de la Custodie de Terre Sainte, d’une nécropole romano-byzantine du premier siècle ap. J.-C. avec des ossuaires chrétiens soutient la thèse des sépultures chrétiennes sur la montagne.

En remontant le Dominus Flevit sur la droite, nous rencontrons les tombes des prophètes, un complexe sépulcral creusé dans la roche avec 36 tombes divisées en deux demi-cercles concentriques. Certaines inscriptions en grec suggèrent que les premiers chrétiens ont été enterrés ici aussi, et depuis le XVIIe siècle, la tradition islamique les désigne comme les tombes de trois prophètes bibliques : Aggaeus, Zacharie et Malachie.

Moins connu est le dernier tombeau dont nous voulons vous parler dans cette ascension du Mont des Oliviers. À côté de l’église de l’Ascension, il y a un tombeau singulier que les trois religions attribuent curieusement à trois femmes différentes. Pour les juifs, il s’agit de la prophétesse Hulda, mentionnée dans l’Ancien Testament au temps du roi Josué. Pour les musulmans, c’est la tombe de Rabi’a al Adawiyya, celui qui a introduit dans le soufisme ascétique au 7e siècle, l’élément de l’amour divin absolu, la mère du spiritualisme islamique. Selon la tradition chrétienne, c’est ici que Pelagia est enterrée, une prostituée, actrice et danseuse d’Antioche, convertie au christianisme par l’évêque d’Édesse, qui s’est rendue à Jérusalem, vêtue de vêtements d’homme, pour vivre comme moine ascète sur le Mont des Oliviers jusqu’à sa mort, lorsque sa véritable identité a été découverte.