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Tommaso Saltini, Directeur Général de Pro Terra Sancta, au Liban et en Syrie pendant Pâques. Voilà des nouvelles de son voyage.

Amy Rodriguez12 avril 2021
Général

Après le récent voyage des collègues, j’ai choisi de passer les Pâques entre le Liban et la Syrie. Cela a été une expérience importante pour apporter l’affection et le support de tout le monde au peuple encore souffrant. La situation en Syrie, comme le cardinal Zenari me l’a confirmé, est terrible. Pendant notre rencontre, il avait vraiment beaucoup de choses à partager : « aujourd’hui quand je sors dans les rues de Damas, je vois des images jamais vues auparavant, même pas pendant les pires années de guerre : de longues queues de personnes attendant d’acheter du pain dans des magasins qui vendent à des prix subventionnés par l’État, de très longues queues de voitures attendant de prendre de l’essence. La dernière fois que j’ai visité l’Haute-Mésopotamie a été avant la guerre, au mois de mai. Pendant 500 km, du Tigre à l’Euphrate, un tapis d’or s’étendait : c’était le blé qui mûrissait. Pourquoi y a-t-il maintenant des queues devant les boulangeries ? À la frontière avec l’Irak j’ai vu des puits de pétrole. Pourquoi, donc, y a-t-il une pénurie d’essence ? Ces années de guerre ont bouleversé la Syrie. Les statistiques de l’ONU sont impressionnants : la Syrie est au premier rang avec 90% des personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. 60% des personnes souffrent de la faim. Essayant d’offrir une image de la Syrie, voilà, je dirais que la Syrie est comme le malheureux de la parabole évangélique du bon Samaritain qui, en marchant de Jérusalem vers Jéricho, est tombé sur les voleurs. La Syrie a été attaqué par beaucoup de voleurs et les personnes informées savent bien qui sont ceux qui ont malmené la Syrie et l’ont abandonnée mourante sur le bord de la route ».

Les mots forts du Cardinal m’ont accompagné même pendant mes visites aux femmes et aux enfants fréquentant le Franciscan Care Center d’Alep Est, l’un de nos projets. C’est émouvant de voir leurs efforts dans l’apprentissage de l’arabe et de l’anglais pendant les cours que nous leur offrons. Plus de 70% de ces femmes sont veuves et ont en moyenne entre 7 et 12 enfants. Elles sont très reconnaissantes pour tout ce que nous faisons pour leurs enfants et elles. Elles désirent continuer à étudier et nous demandent de leur enseigner un métier. Lequel ? Malheureusement elles ont peu d’expérience du monde dehors du milieu familial et elles demandent donc des cours de broderie, de tricot et de cuisine pour avoir un revenu minimum.

Au centre franciscain les enfants aussi sont aidés dans l’apprentissage de matières de base parce qu’ils ne vont plus à l’école : l’année scolaire est officiellement terminée cette semaine à cause du Covid, de la crise économique et du manque de fonds pour payer les professeurs et maintenir les écoles ouvertes. Ceux qui aident les enfants à étudier ont l’énorme sensibilité d’essayer de comprendre quels traumatismes psychologiques liés à la guerre, au fait d’avoir vu la mort et la destruction, existent derrière leurs difficultés d’apprentissage. Malheureusement, même si les bombardements sont terminés déjà depuis quelques années, il n’y a pas de plans ou de fonds pour reconstruire. Beaucoup d’enfants, lorsqu’ils entrent pour la première fois dans l’un de nos centres et ils voient les salles colorées et le terrain de football, se demandent « sera-t-il comme ça le paradis ? ».

De nombreuses rencontres importantes avec les Frères qui gèrent nos projets et les professionnels qui travaillent avec nous ont eu lieu au cours de ce voyage. L’une de nos collaboratrices les plus importantes est Dr. Binan, musulmane. Il existe une forte amitié entre les chrétiens et les musulmans qui gèrent ces centres. Tous les Franciscan Care Centers d’Alep, Hama, Lattaquié et Damas ont été fortement voulus par Pro Terra Sancta et nous sommes très orgueilleux de ces projets !J’ai passé les Pâques à Lattaquié, comme vous pouvez le voir dans ces photos. C’était très beau d’être avec ces personnes dans un moment si important de l’année. Et dans les Pâques du Christ, j’ai demandé aussi d’avoir la possibilité de voir – un jour – la résurrection de ce Pays. Il en a vraiment besoin.