Voyage avec les réfugiés de Rhodes : l’implication du père Luke et le soutien d’ATS pro Terra Sancta

Giacomo Pizzi26 octobre 2016

« Ils attendent. Toute la journée, sans rien faire ». Certains depuis peu de jours, d’autres depuis des semaines, dans certains cas des mois. Ce sont des réfugiés débarqués sur l’île de Rhodes, de Syrie, Iraq, Afghanistan. Quand nous allons à leur rencontre ils regardent un vieux film de Charlie Chaplin avec un projecteur qui transmet les images sur un mur sale et décrépi. Ils tuent le temps comme ils peuvent et espèrent que l’Union Européenne prendra rapidement une décision sur leur sort.

« Ils sont environ 80 au total – nous raconte le vieil homme grec qui gère le centre – et ils ont tous fuit les tragédies de leur pays d’origine. » On trouve des chrétiens d’Erbil et musulmans d’Alep, réfugiés iraquiens et libyens. Adultes et enfants, parfois des familles entières. « Quand les nombreux touristes se sont rendus compte de la situation dans laquelle ces personnes vivent, ils ont commencé à apporter de la nourriture à la table dominicale. Ils ont été vraiment généreux. » Celui qui nous a raconté cette chaîne solidarité extraordinaire est le frère Luke Gregory, franciscain de la Custodie de la Terre Sainte et paroissien de Rhodes.

« Ces derniers mois ont pourtant été très remplis. Il manquait les infrastructures pour tous les accueillir et au début certains réfugiés dormaient dans des tentes. Il n’y avait pas de salle de bains et de plats chauds. Heureusement, les maires et les hôtels se sont montrés très généreux pour répondre à ces premiers besoins. » La disponibilité grecque a pourtant bien ses limites.

L’île de Rhodes « vit » en fait uniquement pendant la saison estivale, quand les touristes arrivent en masse et mettent en marche l’économie, alors que l’hiver les difficultés se font sentir et les gens restent avec ce qu’ils ont gagné l’été. « A part un peu d’agriculture, il n’y a pas grand-chose ici » confie le père Luke.

Le linge étendu sur un bout de ficelle et les murs abîmés par la mousse dans ce vieil abattoir font le cadre commun à ce camp de réfugié improvisé. « Je souhaite remercier l’association Pro Terra Sancta qui a répondu immédiatement à l’urgence en envoyant d’autres financements – nous a dit le père Luke – mais les besoins sont nombreux. » Biens de première nécessité, évidemment, mais il faut aussi pointer l’éducation. « Je m’inquiète beaucoup pour les enfants : je vais là-bas avec du chocolat, des biscuits et des jeux. Mais certains ne vont plus à l’école depuis deux ans et c’est vraiment dramatique. »

En regardant dans les yeux ces enfants qui jouent au foot avec un ballon dégonflé, on comprend tout de suite que le défi le plus important est avant tout de leur donner un futur. Et sans éducation, il n’y a pas de futur. « Nous voulons aller à l’école, nous en avons assez de jouer toute la journée. » Les enfants parlent ainsi au franciscain anglais depuis 12 ans dans cette île sous contrôle touchée par Saint Paul.

L’association pro Terra Sancta répond depuis des années à cette urgence en soutenant avec les dons reçus l’activité infatigable du père Luke auprès des derniers. Une goutte dans un océan de besoins. « Malheureusement, les gens ne donnent plus tellement parcequ’ils pensent que le problème des réfugiés à Rhodes est résolu. Ce n’est hélas pas le cas – raconte encore le frère Luke – simplement on ne les voit plus, parcequ’ils ont été éloignés des yeux des touristes. »

Comme ces deux hommes – alors que nous partons du centre – qui nous saluent étendus d’ennui sur leurs lits pliants. Ils fument. Eux aussi attendent ce bateau qui peut les emmener vers des latitudes plus sûres. Ou quelque chose à manger, pour parvenir au jour suivant et rendre grâce d’être encore en vie.  

Aidez-nous à soutenir l’activité du père Luke avec les réfugiés !

 

Traduction vers le français fournie par Mondo Agit dans le cadre du projet de PerMondo (traduction gratuite pour les ONG et les associations à but non lucratif). Traductrice: Antonia Cordignano ; Réviseuse : Pauline Richer.