Le Joyeux Noël du Custode de la Terre Sainte,Père Pierbattista Pizzaballa

Giacomo Pizzi22 décembre 2014

Ci dessous  le discours  du Père Pierbattista Pizzaballa, Custode de la Terre Sainte et président de l’Association pro Terra Sancta, à l’occasion de Noël 2014. Les volontaires  de l’ Association pro Terra Sancta ils se rejoints avec joie aux mots du Custode en vous souhaitant un Joyeux Noël.

Lc 3, 15: « Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ »… L’attente du Messie, qui englobe l’Annonciation, Noël, le Baptême, les Noces de Cana, révèle l’éternelle attente du cœur humain. Notre vie de foi est une vie d’attente: nous savons dans nos cœurs que le Messie, né à Bethléem, est la réponse de Dieu à toutes nos attentes. Cependant, nous sentons que, malgré les efforts et les idéaux, notre foi est fragile, et que nous sommes comme en cage à cause du péché. Qui pourra étancher la soif d’amour, d’attention, de sourire, de justice, de dignité, de vérité à laquelle notre cœur aspire pour lui-même, et qu’il attend de trouver dans l’autre? La foi nous enseigne à vivre dans l’espérance: il vient le temps pour qui sait l’attendre.

Nous devons nous laisser convertir par le temps de l’attente, en lui offrant nos rêves et nos fatigues, le courage et la sérénité dans le concret des jours. Parce que nous savons que le Christ, né à Bethléem, est la réponse de Dieu. Lui seul peut étancher notre soif et notre besoin de sens. Notre être en souffrance et notre attente peuvent être comblés seulement par son irruption dans nos vies. Nous n’avons pas besoin de grandes choses pour nous émerveiller face à cette réalité incroyable. Nous ne devons pas chercher de lointaines réponses. « Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : « Qui montera aux cieux nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ? ». Elle n’est pas au-delà des mers, pour que tu dises : « Qui se rendra au-delà des mers nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ? ». Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.» (Dt 30, 12-14). Cette prise de conscience nous étonne encore.

À cette certitude nous devons chaque fois apaiser nos doutes, remettre notre lassitude. Le temps de l’attente du ciel nouveau et de la terre nouvelle est le temps de notre foi, même lorsque nous sommes appelés à espérer contre toute espérance. Parce que à la soif de nos cœurs, nous savons que correspond la fidélité de Dieu. Nous savons que Dieu-avec-nous, à son tour, nous attend. Il attend d’être trouvé. Non pas loin de nous mais dans nos cœurs et dans le cœur de chaque homme et chaque femme.

Même dans notre Moyen-Orient assoiffé de justice et de dignité, de vérité et d’amour, le Christ veut se laisser trouver. Ne nous attardons pas aux vaines attentes, ne nous laissons pas entraîner par les Hérode d’aujourd’hui, mais inspirons-nous de la qualité d’attente des Mages. Ne nous arrêtons pas à scruter les signes et les prodiges des sages de Jérusalem de tous les temps, mais ouvrons-nous à l’émerveillement qui nous prépare et rend capables d’accueillir le Christ comme les bergers de Bethléem. N’écoutons pas les craintes du monde, mais le chœur des anges qui annoncent le salut: « Il vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur » (Lc 2, 11). Sommes-nous encore capables d’un tel émerveillement ? Sommes-nous encore capables d’un humble, docile et vigilant discernement ?

Bien sûr, nous devons être réalistes. Nous n’allons pas changer le destin du monde. Nous n’allons pas résoudre les problèmes de nos peuples déchirés et divisés. Mais personne ne pourra nous empêcher de les aimer et de travailler pour la justice dans notre petit contexte. Personne ne peut nous voler la dignité qui nous a été donnée. Personne ne peut nous enlever l’amour et l’espoir répandus dans nos cœurs et qui ne nous déçoivent jamais (cf. Rom 5, 5).
La temps de Noël nous rappelle, dans la fidélité joyeuse à l’accueil du don de Dieu, de laisser nos cœurs ouverts, grand ouverts, à l’espérance, à la justice et à l’amour. C’est ce que nous dit Noël. Chaque année. Cette année encore, dans le tourbillon des drames qui nous entourent, laissons-nous étonner. Laissons-nous trouver par Dieu-avec-nous, qui nous attend au seuil de notre cœur.

Joyeux Noël !