Quelles attentes pour les communautés chrétiennes du Moyen-Orient après le « printemps arabe »?

Giacomo Pizzi28 avril 2011

CustodeNous rapportons ci-dessous un article à propos de l’intervention de Père Pierbattista Pizzaballa, Custode de Terre Sainte et président de l’ATS pro Terra Sancta, lors du congrès international du Centre italien pour la paix au Moyen-Orient, actuellement en cours à Turin, qui aborde cette année le thème délicat des « Minorités ethniques et religieuses de la Méditerranée ».

La Custodie de Terre Sainte est engagée aussi bien dans des projets de soutien aux populations chrétiennes en Israel et en Palestine, qu’en Egypte et en Syrie, grâce, également, au soutien de son ONG, l’ATS pro Terra Sancta. En effet, le Custode de Terre Sainte a récemment lancé l’appel « Urgence Caire » pour soutenir les frères qui opèrent dans la capitale égyptienne.

« Aujourd’hui, après le printemps arabe, les minorités chrétiennes du Moyen-Orient nourrissent des attentes très fortes ». Ils exigent d' »être pleinement reconnus en tant que citoyens, avec les mêmes droits que tous », dit Père Pizzaballa, devant une assemblée qui a vu réunis imam, représentants des communautés juives, représentants des communautés armènes, coptes, kurdes, Roms et berbères.

Les événements qui ont fait descendre dans les rues de nombreux jeunes musulmans et chrétiens pour demander ensemble la démocratie et la liberté, surtout en Egypte, ont fait grandir dans tout le Moyen-Orient l’espérance des communautés chrétiennes qui vivent la difficile condition de minorité religieuse de pouvoir vivre une « citoyenneté entière et reconnue ». « Mis à part aux Emirats Arabes, explique Père Pizzaballa, la liberté de culte est présente dans tous les pays du Moyen-Orient, de l’Egypte à la Jordanie, de la Palestine à la Syrie, dans le sens où il n’est pas défendu aux chrétiens de pratiquer leur foi chrétienne. Cependant, il n’y a pas toujours de liberté de conscience ».

Le Custode a rappelé comment cette requête a émergé avec force lors du Synode du Moyen-Orient, en octobre dernier, quand les évêques avaient souligné « l’importance de l’égalité entre les citoyens » au moment de la rédaction du document final.

Aujourd’hui, l’attente principale va « au-delà de la pleine liberté de conscience, car, comme le dit le Père Custode, on ne naît pas chrétiens et l’on ne naît pas musulmans. On attend ici aussi la citoyenneté totale et absolue. Les chrétiens du Moyen-Orient sont arabes et veulent être entièrement reconnus comme citoyens, également selon la loi ».

En effet, Père Pizzaballa a expliqué que la minorité chrétienne au Moyen-Orient n’est pas une minorité ethnique, mais religieuse uniquement, car les chrétiens moyen-orientaux « sont arabes, pensent et parlent arabe, ils se nourrissent de la culture arabe ». Les chrétiens sont des citoyens « originaux et authentiques, loyaux à leur patrie et fidèles à tous leurs devoirs nationaux. Il est normal qu’ils puissent jouir de tous les droits de citoyenneté, de liberté de conscience et de culte, de liberté dans les domaines de l’enseignement et de l’éducation et dans l’usage des moyens de communication ».

Malgré les éléments de préoccupation provoqués par les événements des actuels faits divers, le Custode de Terre Sainte a conclu son discours en mettant en relief le fait que le printemps arabe doit être vu comme « l’avènement d’une nouvelle période qui mène à des changements faisant entrevoir de nouvelles perspectives, également pour la minorité chrétienne qui veut participer pleinement et activement à ce processus de développement des pays arabes parmi lesquels elle a sa place ».

Source: http://www.agensir.it/pls/sir/v3_s2doc_b.quotidiano?tema=Quotidiano&argomento=dettaglio&id_oggetto=213931